
Charles-Augustin Sainte-Beuve
(1804, à Boulogne-sur-mer - 1869, à Paris) - Critique littéraire.


hoisissant, après la médecine, l'écriture comme une réponse possible à un mal être social (mort de son père, prime jeunesse « noyée dans la tristesse », jeunesse très studieuse, mais pauvre), il voit sa sincérité littéraire rejetée par le public, ses poèmes (Joseph Delorme, Consolations) jugés trop prosaïques, son rapprochement vers la religion (Volupté, roman) décidément incompréhensible.
Il commence sa carrière de critique comme avocat des jeunes écrivains romantiques (dans Tableau historique de la poésie et du théâtre au 16e siècle, ou dans des articles au Globe et, à partir de 1831, à la, encore toute nouvelle, Revue des Deux-Mondes.)
Inaugurant avec ses Portraits une sorte de sous-genre littéraire, il prétend « chercher l'homme dans l'écrivain », des textes « mi-critiques mi-poétiques », une critique non sereine en tout cas, au moins en ce qui concerne les portraits d'auteurs contemporains, « impressionniste », c'est-à-dire éventuellement traversée par ses humeurs, comme par ses jalousies, etc., mais une critique reposant cependant sur une érudition, une recherche du vrai, un réel travail, le tout dans une langue délicate et qui charma beaucoup.
Lorsque vingt ans après, il aura complètement tourné le dos au romantisme, il écrit, à partir de 1849, chaque lundi, ce qu'il appelle désormais des Causeries : l'écriture a changé quelque peu (moins d'images, moins de métaphores), et il plaide désormais pour la mesure, la tradition, le retour à un nouveau classicisme, la méthode elle-même se rapprochant de la science, avec un soucis d'objectivité davantage marqué.
En même temps, il poursuivra son imposant travail sur Port-Royal (cours à Lausanne en 1837-38 et une édition qui ne se terminera qu'en 1858), travail de naturaliste, travail relevant des sciences morales en quelque sorte, où, à travers des portraits il retrace l'histoire spirituelle du 17ème siècle.
Très sévère à l'égard de beaucoup d'écrivains de son temps (il va méconnaître Balzac comme Stendhal, par exemple), il se plaindra beaucoup lui-même d'être calomnié (il est vrai qu'il provoquera de vigoureuses réactions à son encontre, par exemple lorsqu'il dénonce la littérature industrielle
des romans-feuilletons, et plus généralement pour ses enquêtes souvent trouvées trop minutieuses, pour sa jalousie ou son ambition...) tout en étant cependant dans le même temps couvert d'honneurs (nommé à la Mazarine en 1840, il est élu académicien en 1845, puis, après s'être rallié à l'Empire, en 1852, il donne des cours au Collège de France, à l’École Normale, devient sénateur,) et il reste que Sainte-Beuve qui « domina la critique de son siècle, a ouvert la voie à toutes les tendances de la critique du XXème siècle. », selon Roger Fayolle, rédacteur de l'article de l'Encyclopaedia universalis dont je me suis inspiré.
C'est, au début des années 1830, par l'entremise de Mme Tastu et de Pauline Duchambge, et à l'occasion d'un article de Sainte-Beuve sur Les Pleurs et Une Raillerie de l'Amour, que Marceline Valmore entrera en contact avec lui.